Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
27 juin 2018 3 27 /06 /juin /2018 17:06

LE BALLON

 

Un froid piquant gelait leurs doigts engourdis, vainement  accrochés à ce grillage qui nous séparait. Leurs regards noirs ,lointains rayonnaient de convoitise et les mots timides ,chuchotés de l’un à l’autre fusaient :

-« on y va ?

-par où ?

-on traverse la ligne !

-non, le train arrive 

-mais non c’est la draisine ! »

La draisine,  drôle de nom pour un seul wagon, bruyant, ferrailleur, jaune pétant, destiné à l’entretien d’une ligne de chemin de fer….qui ne voyait plus passer qu’un seul train par jour !

L’un des enfants s’adresse au plus âgé sur un ton inquiet :

La petite gare de Grünewald

-« Dis donc c’est vrai qu’on a entassé des enfants comme nous, avec leurs mères, dans des wagons pour un long long voyage sans jamais les voir revenir ?

 

-Mais non mais non , on ne sait pas c’est du passé !

-si, c’est vrai, je l’ai lu à l’ école et même au Mémorial des Déportés où la maîtresse nous a conduits .

Alors commence dans la tête de l’enfant, la leçon d’histoire chargée d’images qu’il a vu passer sur l’ écran de télévision dans la caravane :mais oui ,ils s’appelaient Victor, Irène, Eva ,Myriam , enfermés derrière des barbelés…. Après un interminable voyage jusqu'à Auschwitz , Ravensbrück, et autres  camps ,séparés de leur mère, examinés, triés ,nus, ils étaient livrés aux mains de leurs bourreaux pour expériences médicales ,travail ,jusqu'à la fin tragique qui inévitablement les conduisaient à la mort ….les mots se bousculent dans la mémoire de l’enfant : exhibés, exclus, expulsés ,exploités, exécrés, exterminés ,exécutés. 

Il se souvient aussi avoir entendu ses parents et ses grands parents occupés au paillage des chaises ; ils parlaient des camps d’internement pour les tsiganes : Montreuil Bellay …..un camp pour « individus sans domicile fixe, nomades  et forains, ayant le type romani » .Ils étaient Manouches,  Gitans, Roms, Tsiganes en somme ; «type romani » c’est bien un  caractère raciste retenu et appliqué de 1940 à 1945.

Une question assombrit tout à coup le visage de l’enfant :

-« et tu crois que ça pourrait recommencer ?

Il a raison l’enfant : Que sera demain ? Esclavage, tortures, trafics de tous genres, naufrages, négation de toute HUMANITE ? Avons-nous oublié ce qu’est l’EXIL et perdu le sens du terme EXILES ? Ce présent est ici, à notre porte et là-bas hors du temps et de l’espace .

L’enfant heureusement, vit l’instant présent et sa force de vie, son enthousiasme chassent rapidement les images de la Peur : le Ballon est là, à portée de mains,fascinant .

Les marronniers jaunissants , laissent  tomber leurs fruits :Ploc ! Ploc ! Ploc !

 -« si on envoyait des marrons avec ma fronde

-dans les jambes

-oui on visera bien 

- allez ,tu soulèves le grillage et on franchit la ligne, on fonce »

Nos quatre gaillards arrivent sur le terrain de foot où les collégiens, avec un ballon pour 3 s’entrainent sérieusement

-« venez,venez on fait une équipe ! »

Les visages des nouveaux venus s’éclairent, les sourires montrent leurs dents  blanches sur leur peau tannée. Peu importe les shorts déchirés , les chaussettes et les godasses trouées ,chacun trouve son partenaire ou son adversaire .  

La séance se termine , tous les ballons doivent être rassemblés pour la prochaine fois .

 Paul lance un appel  :-« Vous reviendrez ?

-peut-être ….mais où serons-nous ? »

Discrètement Paul subtilise le plus beau ballon aux couleurs de l’équipe de France et l’abandonne sur le terrain ….sans rien dire

-« c’est pour nous, il est sympa, on reviendra

-on croira qu’on l’a volé ! Forcément »

Le Ballon porté à deux mains comme un joyau , les enfants reprennent le chemin de leur campement derrière la ligne de chemin de fer . Nourris des rêves les plus fous pour un avenir meilleur, ils se passent le ballon avant de le lancer haut dans le ciel,

Plus haut que l’horizon aux couleurs de l’Espoir…..

 

 

 

 

 

 

Photo de DANIEL FERNANDEZ

 

 

 

 

LE BALLON

 

Un froid piquant gelait leurs doigts engourdis, vainement  accrochés à ce grillage qui nous séparait. Leurs regards noirs ,lointains rayonnaient de convoitise et les mots timides ,chuchotés de l’un à l’autre fusaient :

-« on y va ?

-par où ?

-on traverse la ligne !

-non, le train arrive 

-mais non c’est la draisine ! »

La draisine,  drôle de nom pour un seul wagon, bruyant, ferrailleur, jaune pétant, destiné à l’entretien d’une ligne de chemin de fer….qui ne voyait plus passer qu’un seul train par jour !

L’un des enfants s’adresse au plus âgé sur un ton inquiet :

La petite gare de Grünewald

-« Dis donc c’est vrai qu’on a entassé des enfants comme nous, avec leurs mères, dans des wagons pour un long long voyage sans jamais les voir revenir ?

 

-Mais non mais non , on ne sait pas c’est du passé !

-si, c’est vrai, je l’ai lu à l’ école et même au Mémorial des Déportés où la maîtresse nous a conduits .

Alors commence dans la tête de l’enfant, la leçon d’histoire chargée d’images qu’il a vu passer sur l’ écran de télévision dans la caravane :mais oui ,ils s’appelaient Victor, Irène, Eva ,Myriam , enfermés derrière des barbelés…. Après un interminable voyage jusqu'à Auschwitz , Ravensbrück, et autres  camps ,séparés de leur mère, examinés, triés ,nus, ils étaient livrés aux mains de leurs bourreaux pour expériences médicales ,travail ,jusqu'à la fin tragique qui inévitablement les conduisaient à la mort ….les mots se bousculent dans la mémoire de l’enfant : exhibés, exclus, expulsés ,exploités, exécrés, exterminés ,exécutés. 

Il se souvient aussi avoir entendu ses parents et ses grands parents occupés au paillage des chaises ; ils parlaient des camps d’internement pour les tsiganes : Montreuil Bellay …..un camp pour « individus sans domicile fixe, nomades  et forains, ayant le type romani » .Ils étaient Manouches,  Gitans, Roms, Tsiganes en somme ; «type romani » c’est bien un  caractère raciste retenu et appliqué de 1940 à 1945.

Une question assombrit tout à coup le visage de l’enfant :

-« et tu crois que ça pourrait recommencer ?

Il a raison l’enfant : Que sera demain ? Esclavage, tortures, trafics de tous genres, naufrages, négation de toute HUMANITE ? Avons-nous oublié ce qu’est l’EXIL et perdu le sens du terme EXILES ? Ce présent est ici, à notre porte et là-bas hors du temps et de l’espace .

L’enfant heureusement, vit l’instant présent et sa force de vie, son enthousiasme chassent rapidement les images de la Peur : le Ballon est là, à portée de mains,fascinant .

Les marronniers jaunissants , laissent  tomber leurs fruits :Ploc ! Ploc ! Ploc !

 -« si on envoyait des marrons avec ma fronde

-dans les jambes

-oui on visera bien 

- allez ,tu soulèves le grillage et on franchit la ligne, on fonce »

Nos quatre gaillards arrivent sur le terrain de foot où les collégiens, avec un ballon pour 3 s’entrainent sérieusement

-« venez,venez on fait une équipe ! »

Les visages des nouveaux venus s’éclairent, les sourires montrent leurs dents  blanches sur leur peau tannée. Peu importe les shorts déchirés , les chaussettes et les godasses trouées ,chacun trouve son partenaire ou son adversaire .  

La séance se termine , tous les ballons doivent être rassemblés pour la prochaine fois .

 Paul lance un appel  :-« Vous reviendrez ?

-peut-être ….mais où serons-nous ? »

Discrètement Paul subtilise le plus beau ballon aux couleurs de l’équipe de France et l’abandonne sur le terrain ….sans rien dire

-« c’est pour nous, il est sympa, on reviendra

-on croira qu’on l’a volé ! Forcément »

Le Ballon porté à deux mains comme un joyau , les enfants reprennent le chemin de leur campement derrière la ligne de chemin de fer . Nourris des rêves les plus fous pour un avenir meilleur, ils se passent le ballon avant de le lancer haut dans le ciel,

Plus haut que l’horizon aux couleurs de l’Espoir…..

 

 

Partager cet article
Repost0
10 décembre 2016 6 10 /12 /décembre /2016 18:36

C'était avant 2011 Mayotte n était pas encore un département français . Arrivée à Mamoudzou je vois s'avancer vers moi un jeune ado parlant assez bien français:

"Dis emméne moi en France "

Et pourquoi veux-tu aller en France?

Pour être footballeur....." 

Il arrivait d'ANJOUAN je ne sais par quel moyen ! 

Je vous laisse imaginer le contenu de notre échange ...qui s'est terminé en ce qui me concerne par :

" Viens on va d'abord essayer de t' inscrire à l' école  c'est plus raisonnable "

Il a certainement trouvé asile dans un banga mais sa carrière de footballeur est restée dans le rêve .A-t-il pu au moins échapper à la violence ?

A lire :      TROPIQUE de la VIOLENCE de Nathacha APPANAH  chez Gallimard

 

Partager cet article
Repost0
9 novembre 2016 3 09 /11 /novembre /2016 18:34

La planète   aux milliardaires !! ce n'est pas nouveau ....mais aujourd'hui l'essentiel  (pas tout) est clairement annoncé  et énoncé 

Partager cet article
Repost0
7 novembre 2016 1 07 /11 /novembre /2016 21:15

Je rêve ou je deviens sourde ! PARDON? PENITENCE?pour ces prêtres pédophiles ?

Quand je pense que j'en ai vu un planqué en Afrique chez des Soeurs dévouées et méritantes ! !  c'est ça l'emprise de la religion quelle qu'elle soit .....

Partager cet article
Repost0
20 octobre 2016 4 20 /10 /octobre /2016 19:27

 J 'ai la mémoire qui flanche! ! il vaut mieux le dire en chantant c'est plus drôle ! mais rendons à Cesar ce qui lui appartient .... L'article précédent qui relate un souvenir de mission :ce n'etait pas une mission AGIR mais une mission humanitaire d'enseignement pilotée par l'Association MADAMORAMORA à laquelle j'ai participé .Mais c'est sans importance ce qui importe c'est le ressenti de chacun et l'authenticité du témoignage .

Partager cet article
Repost0
19 octobre 2016 3 19 /10 /octobre /2016 21:15
PARADIS et DESTRUCTIONPARADIS et DESTRUCTION
PARADIS et DESTRUCTIONPARADIS et DESTRUCTION
PARADIS et DESTRUCTIONPARADIS et DESTRUCTIONPARADIS et DESTRUCTION
PARADIS et DESTRUCTIONPARADIS et DESTRUCTIONPARADIS et DESTRUCTION

C'est dans ce lieu paradisiaque sur la côte est de Madagascar que nous avons fait une rencontre inoubliable .Aprés une longue longue traversée de régions dévastées par le dernier cyclone nous avons décidé de nous poser pour deux nuits , vue sur la mer  .... nous étions les seuls "touristes" égarés pour le WK dans cette région ( mission AGIR ENSEIGNEMENT)Accueil sympa dans un bungalow malgache ; arrive du large " le patron" , un superbe colosse , un soldat français hyper musclé ! ! débordant d'amabilité et surtout de communication .Et nous ? questionnant notre compatriote ..... "Comment ètes vous arrivé ici ?? ..etc....Sa reponse ?

"Parlez moi Kalachnikov c'est tout ce que je connais"

Il avait rencontré là une adorable femme malgache et tout à coup le soldat désarmé devant un adorable bébé nous a montré à quel point il avait été détruit par la guerre .Attendrissant , presque les armes aux yeux il tenait son petit dans les bras un homme complètement désemparé .Il continuait à se battre avec la mer en nageant ,nageant mais je pense que c'était la seule arme qui lui restait pour travailler à sa reconstruction .,face à la Beauté du lieu. 

Je cite de Laurent Gaudé "les batailles qu'on nous a demandé de gagner,nous les avons gagnées mais nous savons vous et moi que nous sommes vaincus, nous le sentons, quelque chose est allé trop loin ou a perdu son sens..... est ce que ce n'est pas vrai lieutenant ?"

La folie des Hommes travaille à la Destruction des Hommes ,des Femmes ,des Enfants ,de la Pierre Brute ou pas dans l'espace et dans le temps  sans autre remède que la Beauté .

Partager cet article
Repost0
18 octobre 2016 2 18 /10 /octobre /2016 11:03

Il est des expressions révélatrices:

Perdre son temps ; le temps ça ne se perd jamais . Prendre le temps de prendre son temps c'est gagner du temps , remonter le temps c'est savoir d'ou l'on vient ..... mais aprés quoi cette société court -elle ? Merci Pierre RABHI

Tomber enceinte ! ! comme si concevoir un enfant c'était une chute ! 

Partager cet article
Repost0
11 octobre 2016 2 11 /10 /octobre /2016 22:46

Quand on est SDF comment peut-on être Citoyen !!!

Partager cet article
Repost0
8 octobre 2016 6 08 /10 /octobre /2016 17:51
LOIN LOIN....
LOIN LOIN....
LOIN LOIN....
LOIN LOIN....

c'était loin loin !!! à Djibouti .Quel sourire pour ceux qui n'avaient pas vu la pluie depuis 3 ans !C'était en novembre 2008 nous avons vu aussi les rats sortis de leurs repaires . Tu te souviens sûrement Stephanie de ce rat qui t'a mordu au talon en plein jour devant ma chambre ...

Nous pourrions faire les mêmes photos beaucoup plus prés de nous ....qu'en pensez -vous ?

Partager cet article
Repost0
6 octobre 2016 4 06 /10 /octobre /2016 22:27

Un grand moment TV avec "LA GRANDE LIBRAIRIE"

L'archet de Renaud Capuçon qui étirent les notes de MOZART comme s'égrènent les mots de Jean d 'Ormesson ces mots que j'aime tant ....en présence de Jean Marie Rouart. J'ai lu cet été "Ne pars pas avant moi"et j'ai beaucoup aimé

Partager cet article
Repost0